Sam 30 septembre 18h30
Lecture-performance
par Christine Dumont Dayot :
Le Garçon de Markus Malte

« Il n’a pas de nom, il ne parle pas, le garçon est un être quasi sauvage, né dans le une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908, quand il se met en chemin, d’instinct ».

Christine est une artiste aux multiples talents, peintre, comédienne, lectrice, sa curiosité insatiable et son humanité engagée font d’elle une fidèle compagne de la Maison d’Icelle… Si bien que vous l’avez sans doute déjà croisée à une occasion ou une autre, et c’est toujours un plaisir de la retrouver!

Participation libre et consciente

Le livre

Avec Le Garçon, paru chez Zulma, Marcus Malte se permet tous les grands écarts : balayer trente ans d’histoire en compagnie d’un enfant sauvage et mutique devenu saltimbanque, héros ou chair à canon. Une épopée, dirait-on, et dont l’écriture change quand le personnage bat la campagne ou tombe amoureux. Un roman d’initiation, sans doute, avec une partition musicale et un désir de disséquer un XXe siècle qui ne sent pas la rose. Marcus Malte n’a pas peur du lyrisme, comme il ne craint pas de décrire la cruauté des guerres et leurs cortèges de monstres. Le Garçon est une fresque vertigineuse, traversée par un homme seul. (Critique Télérama, 2016)

L’auteur par lui-même

« Un jour, une voyante a affirmé à ma mère que son fils aîné – moi – en était à sa septième vie. La dernière.
Celle-ci débute en 1967 à La Seyne-sur-Mer. J’y suis né et j’y suis resté. Devant la mer.
J’ai beaucoup rêvé. D’abord, d’être Platini. J’ai passé la majeure partie de mon enfance avec un ballon aux pieds. J’étais plutôt doué. J’aurais pu. Mais une vilaine blessure a mis un terme à ma brève mais prometteuse carrière. J’avais 13 ans quand mon genou gauche a craqué. Boum. Un rêve qui s’effondre.
Ensuite, d’être David Lynch. J’avais 14 ans et je venais de voir Elephant Man. J’ai passé une grande partie de la décennie suivante à bouffer de la pellicule, à concevoir dans ma tête de sublimes images, d’inoubliables dialogues, des scènes d’anthologie, à tourner des trucs bizarres en super 8 et vidéo, à étudier le septième art. Bref, à me faire des films. J’étais plutôt doué. J’aurais pu. Mais c’est le moment où mon premier fils a débarqué à l’improviste. J’avais 23 ans quand il est né. Boum. Un ange qui tombe.

Pendant cette période, j’ai aussi rencontré quelques illuminés du type guitariste, bassiste, batteur, chanteur. Manquait plus qu’un pianiste. Je me suis souvenu que j’avais fait des gammes dans une autre vie – mais laquelle ? Je m’y suis remis. J’ai rêvé d’être Queen, Police et U2 réunis. J’ai rêvé d’être Thelonious Monk. J’ai fait de la variété dans les bals, sur des places de villages. J’ai fait du rock dans des MJC et des gymnases. J’ai fait du jazz dans ma chambre. Je n’étais pas très doué. La musique n’a pas perdu grand-chose quand j’ai raccroché les gants (ceux avec lesquels on aurait dit que je martelais le clavier). Boum. Un coup de gong, et le silence qui suit.
Je suis devenu projectionniste. Un vrai boulot.

Entre-temps, et durant toutes ces années, j’ai lu. De tout. Entre-temps, j’ai écrit. De tout. Beaucoup. Et j’y ai pris goût de plus en plus. J’ai commencé à rêver d’être Steinbeck. Giono. Céline. McCarthy, Garcia Marquez, Goodis, Melville, Crews… J’en oublie certainement et pas des moindres.
Mon premier roman est sorti en 1996. J’avais 28 ans. Boum. Un rêve qui se réalise. Enfin.
D’autres ont suivi. Des bouquins et des fils – car j’ai décidé de ne faire que des garçons. Et puis j’ai cessé d’être projectionniste. Et puis j’ai continué à écrire. Et puis j’ai chargé et déchargé des camions. Et puis j’ai continué à rêver. Et puis j’ai vendu des choses sur Internet. Tout et n’importe quoi. Ce genre de choses. Et puis j’ai continué à écrire. Et rêver. Et écrire. Et puis voilà.
Et parfois… parfois, en relisant ces histoires que j’écris, je me demande ce qu’il a bien pu m’arriver au cours de mes six précédentes vies. »